Article de presse

 

 

A Paris, la Maroquinerie programme un cycle original de musique contemporaine.

La Maroquinerie, salle généralement dévolue aux musiques actuelles, accueille la saison des “Duophonies”, une approche originale de la musique contemporaine. Imaginée par Olivier Mantéi (administrateur des Bouffes du Nord) et Olivier Poubelle (responsable du Bataclan), la formule donne carte blanche à un compositeur pour concevoir une soirée avec un musicien d’un domaine a priori éloigné du sien.

Franck Krawczyk

Le lundi 8 novembre, Franck Krawczyk, compositeur né en 1969, invitait Marcel Azzola, accordéoniste polyvalent, surtout connu comme accompagnateur de vedettes de la chanson. C’était l’occasion d’accéder à l’univers intime du jeune créateur par une piste soigneusement balisée. L’Accordéoniste, fleuron du répertoire d’Edith Piaf, en constitue l’amorce. Marcel Azzola introduit le thème avec pudeur. La pianiste Lina Bossati, sa partenaire de toujours, assure une première extension. Vers Gershwin ? Et voilà le duo lancé dans un pot-pourri de chansons qui vire à l’improvisation. On retrouve alors l’as des clubs de jazz de Paris, l’Azzola qui nous faisait chavirer il y a vingt ans. Lina Bossati le surveille de manière à ce que les chorus ne débordent pas du cadre imparti par l’approche de Franck Krawczyk.

Ce dernier se glisse au piano, retrouvant ses habits de compositeur débutant. Cela donne, en création mondiale, des Dialogues dans lesquels l’accordéon d’Azzola a toujours un mot à dire. Essentiel, comme le son de l’anche métallique qui fait vibrer, par sympathie, les cordes secrètes de Krawczyk.

Après Piaf, le duo Azzola-Bossati évoque Montand, Gréco, Barbara, Ferré, Brel. Plus on avance et plus les correspondances deviennent évidentes. Perles de cristal, polka virtuose, est en ré majeur. Comme l’extrait de la 3e symphonie de Mahler que Franck Krawczyk restitue sur un accordéon-jouet, dans un geste cathartique. On saisit alors parfaitement jusque dans les bis (Fréhel dans la perspective de Louis Couperin !) ce qui lie Azzola à Krawczyk, ce qui se lit de Krawczyk dans Azzola. Le génie du raccourci. On attend avec impatience ce que le prochain rendez-vous des Duophonies (le 21 mars) aura à nous révéler de Pascal Dusapin dans sa confrontation avec Benoît Delbecq.

Publié le 10 novembre 2004 à 13h14 – Mis à jour le 10 novembre 2004 à 13h14 

 

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